04 décembre 2025
La confiance est l’un des piliers des OBNL. Sans elle, difficile de maintenir des liens durables avec les donateurs, d’obtenir un soutien financier ou d’assurer la pérennité de la mission de l’organisation. Pourtant, cette confiance est fragile. Lorsqu’ils soutiennent une cause, les donateurs partagent des informations personnelles et financières sensibles. Une faille de cybersécurité, même mineure, peut suffire à ébranler cette relation.
Selon un sondage de BBB’s Give.org, 69 % des donateurs s’inquiètent que leurs informations soient piratées lorsqu’ils font un don à une œuvre de charité qu’ils ne connaissent pas. Plus frappant encore : près de 80 % affirment qu’ils cesseraient ou retarderaient un don futur si l’organisme était victime d’une faille de sécurité.
Dans ce contexte, la cybersécurité n’est pas seulement une question technique : elle est stratégique pour la crédibilité, la réputation et la mission de l’OBNL.
Les failles de cybersécurité prennent différentes formes, mais toutes ont le même effet : elles fragilisent la confiance des donateurs.
Fuites de données personnelles : noms, adresses courriel, informations bancaires ou numéros de cartes de crédit peuvent être exposés à la suite d’une attaque. Selon CIRA, l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, 38 % des organisations victimes d’une cyberattaque en 2024 rapportent une violation des données liées à leurs clients ou employés.
Fraudes et hameçonnage ciblant les donateurs : les cybercriminels utilisent parfois la notoriété d’un organisme pour piéger ses donateurs. Un courriel qui imite l’OBNL peut demander de cliquer sur un lien ou de saisir des informations bancaires, ce qui entraîne une perte directe de confiance envers l’organisation.
Atteinte à la réputation : un seul incident, même s’il est rapidement corrigé, peut nuire durablement à l’image de l’OBNL. En effet, dans l’écosystème numérique actuel, une rumeur ou un commentaire négatif peut se propager rapidement sur les réseaux sociaux. Toujours selon CIRA, 26 % des OBNL ayant subi un incident reconnaissent que leur réputation a été entachée.
La perte de confiance des donateurs se traduit rapidement par des conséquences tangibles. Plusieurs études montrent qu’après une faille de sécurité, les dons peuvent diminuer et les promesses de soutien être annulées.
Cette méfiance va au-delà de l’aspect financier. Les donateurs deviennent plus réticents à s’impliquer dans les campagnes de collecte de fonds ou à participer à des événements organisés par l’OBNL. Dans certains cas, l’organisation perd aussi son capital symbolique : la crédibilité et l’image positive qui la distinguaient dans son milieu.
Enfin, il faut considérer le coût psychologique. Une relation de confiance brisée se répare difficilement. Même après la mise en place de nouvelles mesures de sécurité, un donateur qui a douté de la fiabilité de l’organisme peut rester sur ses gardes, ce qui affecte l’engagement à long terme.
Au Québec comme ailleurs au Canada, les OBNL sont soumis à des obligations légales concernant la protection des renseignements personnels. Par exemple, la Loi 25 au Québec impose aux organisations de signaler toute violation de données présentant un risque sérieux de préjudice. Ne pas le faire peut entraîner des sanctions, mais surtout aggraver la perte de confiance des donateurs si l’incident venait à être découvert plus tard.
Autrement dit, la transparence n’est pas qu’un choix stratégique, c’est aussi une exigence légale. Respecter ces obligations contribue à montrer aux donateurs que leur sécurité est prise au sérieux.
Pour qu’un donateur sente que ses données sont en sécurité, il faut aller au-delà des mots et mettre en place des actions concrètes. Voici quelques mesures adaptées à la réalité des OBNL :
Sécuriser les plateformes de dons en ligne : s’assurer que le site utilise un certificat SSL, que les paiements passent par un fournisseur reconnu et que des mécanismes d’authentification renforcent la protection.
Former les employés et bénévoles : même un simple rappel sur les courriels frauduleux ou la gestion des mots de passe peut réduire les risques.
Limiter l’accès aux données : seuls les membres réellement concernés devraient avoir accès aux informations sensibles des donateurs.
Mettre à jour régulièrement les logiciels et appareils : une mise à jour négligée est une porte d’entrée facile pour les cybercriminels.
Communiquer avec transparence : informer les donateurs des mesures prises pour protéger leurs données contribue à bâtir un climat de confiance durable.
La cybersécurité n’est pas un luxe pour les OBNL, c’est une condition essentielle à la confiance de vos donateurs. Une seule faille peut fragiliser des années d’efforts et de relations. Mais avec des mesures adaptées, une vigilance constante et une communication transparente, vous préservez la crédibilité de votre organisme, la fidélité de vos donateurs et, ultimement, la réalisation de votre mission.
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À propos de l'auteure

Quand on pense à la cybersécurité, on pense rapidement aux technologies et aux infrastructures. Pourquoi oublie-t-on que l’utilisateur joue un rôle dans 90 % des attaques et des escroqueries ?
Emeline Manson, fondatrice de CY-clic, est formatrice en prévention des fraudes et cybersécurité. Elle se consacre au rôle de l’humain dans le maintien de la sécurité des systèmes informatiques et dans la protection des données personnelles.
Elle enseigne également au certificat en cyberenquête de Polytechnique Montréal et compte plusieurs années d’expérience en intervention psychosociale et en criminalité financière dans le domaine bancaire.
Sa mission est de former les entreprises à adopter de meilleures pratiques en ligne, pour repousser les fraudeurs et les pirates informatiques, et éviter que tant d’années d’efforts ne s’évaporent en un clic!
Elle est également disponible pour des consultations privées.
Stéphane Parent